Cowop : mon bilan après 9 mois

Je fais enfin ce que j'avais décidé de faire depuis les vacances de Noël et je peux remercier un événement plutôt malheureux pour ce coup de pied au cul.

Il y a une semaine, j'ai eu un accident de moto assez violent dont je me sors miraculeusement avec seulement une jambe dans le plâtre. 45 jours d'immobilisation.

Bien que je sois conscient de devoir sûrement remercier une force céleste pour être toujours en un morceau, j'ai du mal à ne pas être frustré sachant que mon été allait être rythmé par de nombreuses sessions Cowop et notamment toute une saison - tout juste inaugurée la semaine dernière - de séjours Cowop dans ma maison de campagne.

Jour 2 de notre session campagnarde. Le jour de l'accident.

C'était sans compter sur notre communauté, qui m'a inondé de mots de soutien, et Pierre qui prend le relais pour gérer les sessions sur le terrain !

Mais c'est quand j'ai reçu "Reinventing Organizations" par un Cowopeur dans ma boîte aux lettres hier que j'ai enfin accepté de faire une pause et faire ce que je voulais déjà faire il y a 6 mois : remercier la communauté Cowop, lui partager enfin ce que j'ai dans la tête et où je veux aller.

J'ai le sale caractère de n'être jamais satisfait, rassasié, je le sais depuis un moment, ça s'est bien senti dans ma carrière professionnelle. Et pourtant depuis 9 mois, je n'ai jamais été autant épanoui, constamment surpris par la communauté que j'ai créée un peu par hasard.

Mon échec du freelancing

Pour comprendre tout ça il faut revenir un an en arrière.

Août 2019, cela faisait déjà plus d'un an que j'étais freelance, j'avais sauté le pas parce que je sentais justement je ne serais jamais épanoui si je continuais ma vie dans un système managérial qui nous met dans des cases (entre les stades Rouge et Orange de Frédéric Laloux).

Mais j'ai une grosse faiblesse : je n'aime pas être seul, j'adore l'esprit d'équipe. C'est ce qui me donne envie de me lever le matin.

Et donc comme un con, j'acceptais des missions longues dans des entreprises qui me remettaient petit à petit (en forçant bien) dans un moule. Et je ne profitais même pas vraiment de l'esprit de corps; c'est difficile de s'ouvrir complètement et construire des relations quand la mission peut se terminer du jour au lendemain. Alors que j'avais de la chance, bien souvent les équipes étaient formidables.

Etre libre dans mon travail tout en m'épanouissant dans une équipe. Je vivais dans cette dissonance, malheureux sans m'en rendre compte. Jusqu'au dernier jour de ma ultime grosse mission, lorsque mon boss a justifié son arrêt par le fait "que je n'étais pas assez corporate".

J'étais retombé dans tous les travers que je n'aimais pas du salariat : une théâtralité de 9h à 19h pour ne pas faire de vagues, de la politique, cesser de faire marcher son imagination et l'innovation pour ne pas prendre le risque de faire sortir certaines personnes de leur zone de confort.

Comment Cowop est né...

Je me suis dit "Merde, mais ils font comment tous ces indépendants, ces entrepreneurs qui ont l'air si bien dans leur baskets ?"

J'étais pourtant passé par les grands noms du coworking, je n'y avais vu que des petites entreprises cloisonnées dans des aquariums, la place attribuée aux indépendants s'était réduite comme peau de chagrin. J'ai donc poussé la porte de nombreux cafés coworking indépendants, pour tomber sur des gens bien trop occupés, casques vissés sur leurs oreilles. Les meetups ? Difficile de forger de vraies relations en quelques minutes au milieu de tout ce monde. Aucune de ces "solutions" ne permettaient de construire des relations sur le long terme. (Je caricature exprès, il faut bien que je serve mon propos).

Après avoir fait le tour de tous ces endroits et avoir parlé avec nombre d'indépendants, les conclusions étaient claires : oui, pouvoir faire le métier qu'ils voulaient sans contraintes les épanouissait. Mais la solitude physique et psychologique était latente.

Comment recréer un esprit d'équipe avec des indépendants ? Comme si tu allais au boulot mais qu'avec des gens que tu apprécies, dans un cadre agréable ?

Il me fallait un endroit déjà existant, pas immense et froid... et surtout pas impersonnel.

... Et m'a vite dépassé

Et si on faisait ça dans un appart cosy, en petit comité pour être sûrs d'avoir le temps d'apprendre à se connaître ?

L'idée me paraissait tellement loufoque qu'il fallait que je la teste sur le champ avant de faire des plans sur la comète.

Je monte une landing page très rapidement sur Webflow, je l'annonce sur Linkedin et les 6 places à 15€ partent immédiatement. La plupart sont des gens que je ne connaissais que de nom, ces freelances qui me faisaient justement rêver en cachette parce qu'ils semblaient si épanouis. 😳

Les jours précédant la session j'étais en stress total : et s'ils ne viennent pas ? Et s'ils ne me paient pas ? L'un d'eux m'écrit deux jours avant : "désolé mec j'ai une sale grippe, c'est mort pour moi". Ça commence, je vais vraiment être seul.
Il se trouve que le jour J tout le monde était là, même le grippeux qui avait décidé de ne pas aller au travail la veille pour être sûr d'être en forme pour la session.

Et c'est dès cette première session que je me suis rendu compte que j'avais construit un (magnifique) "monstre" qui me dépassait déjà. Je suis resté toute la journée au fond de ma chaise, incapable de bosser, abasourdi par ce qu'il se passait devant moi : les participants étaient surexcités, les phases de travail étaient sans cesse entrecoupées de discussions passionnantes; sur leurs missions, leurs méthodos, les derniers outils qu'ils avaient dénichés. A la fin de la journée, j'avais l'impression qu'ils se connaissaient depuis des années, et moi aussi.

Session après session, je n'étais jamais rassasié : de nouvelles têtes, de nouvelles histoires, de nouveaux enseignements. Et rapidement de nouvelles amitiés qui se nouaient. D'une session par mois, on est tout de suite passé à une session par semaine, puis deux, jusqu'à inaugurer ce que je voulais faire depuis le début, des sessions sur 2-3 jours à la campagne.

Début de la session, c'est difficile à croire mais Guillaume, Pierre, Alex et Anaïs ne se connaissaient pas une heure auparavant.

L'esprit d'équipe, livré à domicile

C'est devenu une drogue.

Les gens que je rencontrais n'étaient pas normaux.
Je n'avais jamais vu autant de bienveillance, de motivation, d'altruisme, d'empathie, d'entraide, de générosité et de fraternité dans le monde professionnel (sauf au Québec mais ça compte pas, ils sont hors-ligue).

Parce que c'est réellement ça que l'on vivait lors d'une session : des personnes qui se connaissaient parfois ni d'Eve ni d'Adam au café à 9h et qui limite versaient une larme lorsqu'il fallait se quitter à 18h (sisi).

Je voulais proposer une nouvelle façon de coworker, ça allait bien plus loin.

  • C'était une équipe de travail à la demande, sur-mesure, livrée à domicile
  • Mais qu'avec les côtés exceptionnels d'une équipe de travail : l'empathie, l'amitié, l'entraide, les franches rigolades, les discussions profondes sur tous les sujets possibles et le sentiment de se sentir à sa place
  • Sans tous les défauts qu'on peut parfois rencontrer en entreprise (l'obligation de les voir tous les jours, ben oui, même quand on est mal luné, la politique, la compétition, les profils qui ne nous tirent pas forcément vers le haut, et j'en passe).

Mais le mieux c'est que ce n'était pas juste ponctuel. Genre, on fait la session et basta. Ça avait des répercussions durables. Avoir la chance de retrouver ses coworkers préférés pratiquement toutes les semaines. Construire des amitiés très vite solides alors qu'elles ont démarré il y a seulement quelques mois.

C'est là que je fais une liste non exhaustive de toutes les surprises et attentions qui ont rythmé ces 9 premiers mois :

  • Ces Cowopeurs, Benjamin, Pierre V, Justine, Eloi, Amélie, Lucie, Aude, Coralie, Alessandro (pour ne citer qu'eux) qui sont là depuis les premiers jours et dont l'enthousiasme me motive au quotidien.
  • Ces autres, Déné, Isaure, Amandine, Thomas, Camille, Ludovic et Jeanne, qui ne sont venus qu'à une session (pour l'instant) et pourtant qui en parlent encore aujourd'hui tout autour d'eux.
  • Guillaume, entrepreneur mais aussi médecin qui t'appelle pour te rassurer quand tu découvres des choses étranges après ton accident.
  • Alex qui, pendant le confinement, envoie à ses collègues de session Cowop la photo de sa fille qui vient de naître. Et plus généralement tous les Cowopeurs qui sont trop contents de partager leurs événements importants sur le Slack (nouvelles missions, projets, événements personnels, trouvailles).
  • Samuel, avec qui tu as eu des discussions passionnantes sur le futur du travail et le product management et qui t'envoie par la Poste "Reinventing Organizations" la veille de ses vacances en famille pour t'occuper pendant ta convalescence.
  • Ces têtes-à-têtes Zoom qui duraient des heures pendant le confinement tellement nos discussions étaient passionnantes (merci Sara et Valentine).
  • Ceux qui viennent pratiquement à toutes les sessions, parfois contre vents et marées, Yué, Guillaume, Maryon, Sara, en disant qu'ils ont enfin trouvé une "famille dans laquelle ils se sentent 100% eux-mêmes".
  • Toutes ces personnes qui veulent absolument m'aider pour faire avancer le projet.
  • Et toutes celles qui ont parlé de Cowop dans leurs vidéos, leurs podcasts, leurs articles alors que le projet n'en est qu'à ses débuts (merci Jeanne et Ludovic, Thomas, Alexis, Camille, Samuel D.).
  • Et plus généralement toutes ces personnes qui forcent l'admiration et qui te donnent le courage de te réinventer sans cesse et sortir de ta zone de confort.

Et le plus beau c'est que ça n'arrive pas qu'à moi.

  • Nombreux sont les Cowopeurs qui se sont si bien entendus qu'ils montent maintenant des projets ensemble.
  • Il y a deux jours, deux de ces nouveaux amis qui se sont rencontrés par hasard à un apéro à Lyon et qui ont parlé de Cowop toute la soirée (j'exagère un tout petit peu.).
  • Et j'ai déjà surpris, après avoir rangé et quitté l'appart que j'avais loué pour l'occasion, des Cowopeurs, qui non rassasiés par la session, étaient allé boire un verre dans le bar d'en face pour faire durer ce coup de foudre professionnel.
  • Et dans l'ensemble, les membres de la communauté échangent au quotidien sur notre Slack et se retrouvent très souvent dans la vraie vie.

Finie la mièvrerie, c'est quoi la suite ?

Concrètement dans les prochains mois...

J'ai beau avoir le pied dans le plâtre, la machine est lancée et je peux compter sur mon co-fondateur, Pierre, pour prendre le relai sur le terrain avec brio. Mais aussi sur toutes les personnes qui m'entourent sur ce projet et qui veulent absolument le voir aller de l'avant (merci).

Cowop dépasse maintenant les frontières parisiennes. Je vous parlais des premières sessions à la campagne, mais elles arrivent aussi bientôt dans de nombreuses villes à commencer par Dijon ce lundi. Lyon, Marseille, Lille, Nantes, Bordeaux, tenez-vous prêts.

Cela me laisse aussi le temps de réfléchir à un modèle d'entreprise qui inclut toute cette communauté (vision Opale de Frédéric Laloux), pourquoi se priver de toute cette richesse humaine ??

Et dans 3 ans ?

Grâce à ses sessions partout en France (dans le monde ?), Cowop aura aidé à enrayer le plus gros mal qui touche la majorité des indépendants : la solitude et le manque de sentiment d'appartenance.

Dans mes rêves les plus fous, Cowop aura aussi permis de faciliter l'exode urbain que beaucoup appellent de leurs voeux, en montrant qu'on peut habiter n'importe où sur le territoire et retrouver au quotidien, à 15 minutes de chez soi, des gens passionnants, qui nous ressemblent et qui participent à notre émancipation.

Et la crise que l'on vient de traverser a montré au plus grand nombre que l'on n'était pas obligé de travailler dans un bureau toute la semaine. Mais que travailler tout le temps à la maison n'était pas forcément l'idéal.
Cowop veut être une solution intermédiaire : une journée de coworking rafraîchissante dans ta semaine pour te donner un bon gros coup de boost, avec des gens passionnants, proche de chez toi.